Une histoire à partager

Une histoire à partager

Faire mémoire de 50 années de vie religieuse, c’est d’abord pour moi dire MERCI, rendre grâce pour toutes ces années vécues, mais c’est aussi reconnaître l’action de la grâce qui ne m’a jamais abandonnée.

Faire mémoire, relire ce vécu c’est donner du poids à l’histoire, à mon histoire :

  • Je suis née  à  Bordeaux dans une famille précaire ; mes parents étaient sourds muets. J’ai un frère de cinq ans plus jeune. Mon papa travaillait  à l’usine (chocolaterie) et  à son décès, c’est maman qui a pris le relais – j’avais alors 11 ans et demi. Je venais de faire ma communion solennelle.

De cette célébration Je garde à tout jamais  dans mon cœur ces moments où lors des Vêpres nous chantions en procession :

Les versets du PS 135 avec ce refrain « car éternel est son amour » :

Puis l’adolescence aidant, je vivais difficilement – j’ai fait les « 400 coups » entre autres, je n’allais plus à l’Eglise – Mais tout cela c’était sans compter sur le Seigneur. Car un beau jour, par des copines qui me disaient « viens, tu verras c’est sympa le patro, il y a une sœur « super.» j’y suis allée.. Et puis la route a repris.

En classe après la 3eme (j’avais du retard) il me fallait chercher du travail pour aider maman.

Par le biais d’une personne qui travaillait à la Sécurité Sociale, j’ai passé une épreuve écrite pour entrer dans cette Administration.

Certaine de ne pas être retenue, (je n’étais pas douée en français) j’avais donné une date de disponibilité très lointaine alors que ce n’était pas exact.

Or un jour de janvier, je suis appelée par la directrice du cours complémentaire (j’allais encore à en classe) et là je m’entends dire : « vous êtes retenue et vous commencez le 3 février 1963. »

Les signes sont là – je suis contente et pour maman l’horizon s’éclaircit un peu.

La vie de travail commence pour moi, et une jeune femme du quartier (Jacqueline) me parle de la J O C (jeunesse ouvrière chrétienne).

Très vite je me suis embarquée dans ce mouvement et lors d’un rassemblement de jeunes de la JOC à La Rochelle, pour la première fois, j’osais prendre la parole sur ce qui se vivait à la Sécu notamment sur les conditions de travail.

Sur mon quartier, nous avons constitué une équipe où nous faisions révision de vie selon l’intuition des Fondateurs de la JOC :

Les P CARDJIN et GUERIN : VOIR, JUGER, AGIR ;

Rapidement j’y ai pris des responsabilités.

En équipe fédérale, nous avions des temps de récollection réguliers. Lors d’un de ces weekends je découvre et reçois ce passage que je prends « au pied de la lettre »

« Venez à ma suite et je ferai de vous des pêcheurs d’hommes. Laissant leurs filets, ils le suivirent » Mc

Il y avait en moi depuis longtemps ce désir confus : que vais-je faire de ma vie ? J’étais prise aux entrailles par la liturgie, par la découverte de l’écriture. Il y avait comme un attrait que je ne savais pas définir et des questions qui m’habitaient : partir, rester, laisser ma mère seule, faire carrière à la Sécu…quelle congrégation. ?? A qui en parler ?

Petit à petit l’horizon s’est éclairci. J’ai découvert les Petites Sœurs de l’Assomption en parlant avec les copines  de la JOC.

J’ai fait une première démarche en allant les voir : elles étaient dans la banlieue à Lormont sur la rive droite. Pour moi c’était toute une expédition. Elles habitaient un HLM – plus tard, j’ai appris que c’était la première communauté qui avait quitté le grand couvent pour une insertion en HLM pour une plus grande proximité avec le monde ouvrier.

La Supérieure m’a proposée de rencontrer la responsable du postulat à Paris pour échanger avec elle.

Je prends 15 jours de congés et l’on me propose de passer une semaine à Saint Denis dans une communauté. J’ai eu le coup de foudre. Et à partir de là j’entre résolument dans ce désir d’être Petite Sœur de l’Assomption.

Durant la semaine  à  St Denis, l’écriture m’a rejointe droit au cœur : « Ce ne sont pas les biens –portants qui ont besoin de médecin, mais les malades. Allez donc apprendre ce que signifie : c’est  la miséricorde que je veux et non les sacrifices – car je suis venue appeler non pas les justes, mais les pêcheurs. »

Au fond de mon cœur, je reçois cette parole comme m’étant adressée : cette parole elle est pour moi, ce chemin est donc possible.

Je continue ma vie au travail, en Eglise par la JOC, les liens avec la communauté des PSA.

Le 3 octobre 1968 je quittai donc ma ville natale pour cette aventure   fabuleuse mais aussi risquée, celle de vivre ce projet d’amour dans la vie religieuse apostolique, en communauté fraternelle, à la suite de Jésus Christ Serviteur et Sauveur avec l’intuition de notre Fondateur le P. Pernet : par une présence attentive, à travers des gestes simples de service, témoigner de l’amour du Père parmi les pauvres, les ouvriers et leurs familles selon notre règle de vie.

  • Après les années de formation, j’ai vécu la mission Au Mans, à Stains, à Saint Denis, à Antony, Au secrétariat national de la Mission ouvrière comme déléguée, à Lyon comme conseillère de territoire, à Choisy le Roi, puis à Montrouge où je suis arrivée en 2009.

D’année en année, soleil et brouillard ont teinté mon parcours et il y eut même des moments de tempête et d’orage.

Mais toujours la lumière de Jésus Christ était présente. Je la voyais parfois clairement, parfois vacillante, parfois toute faible mais jamais éteinte ; j’ai appris à l’apprécier en comprenant tout doucement la parole de St jean : « la lumière brille dans les ténèbres et les ténèbres ne l’ont pas arrêtée. » Jean 1,5.

  • Depuis 2004 j’assume la responsabilité d’économe provinciale puis générale.

C’est être au service de mes sœurs dans la patience, l’humilité, la disponibilité.

Adresse des PSA à Montrouge
  • Depuis que je suis  à Montrouge, vous faites partie de mon histoire, et vous m’avez accueillie telle que je suis.

Nous avons marché ensemble entre autres à l’EAL, à l’EPM puis à l’EAP ;

Nous chantons ensemble à la chorale.

Pour terminer je vous partage les versets du psaume: c’est ma prière :

« En toi Seigneur j’ai mon refuge :
Garde moi d’être humilié pour toujours.
Dans ta justice défends moi libère moi
Tends l’oreille vers moi et sauve-moi
Sois le rocher qui m’accueille toujours accessible
Tu as résolu de me sauver :
Ma forteresse et mon roc c’est toi
Seigneur mon Dieu, tu es mon espérance
Mon appui dès ma jeunesse
Tu m’as choisi dès le ventre de ma mère
Ma bouche annonce tout le jour
Tes actes de justice et de salut
Mon Dieu, tu m’as instruit dès ma jeunesse
Jusqu’à présent ; j’ai proclamé tes merveilles. »

S.Monique Mage (PSA en France)

Une réponse

  1. Evelyne HARTER dit :

    c’est un beau témoignage, quel chemin parcouru ! Moi je viens de retourner dans ma Touraine bien aimée, avec un pincement au coeur de quitter tous mes amis de la Seine St Denis, Je me suis rapprocher de maman qui a 96 ans.
    Je te souhaite encore des belles découvertes.
    Amitié

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