Comment se vit le confinement chez les PSA
Témoignages
Partage du vécu pendant le confinement en résidence inter-congrégation.
Confinées ! Expérience éprouvante et inattendue. Toute notre vie communautaire et en inter congrégation en est marquée.
Nous avons appris la vigilance : un apprentissage pour établir un circuit, pour limiter le nombre des convives dans la cuisine, pour mettre en œuvre les mesures barrières.
Notre situation
Nous sommes confinées à l’intérieur de la résidence, mais pas en chambre, et nous apprécions le petit jardin qui nous permet de prendre l’air et de marcher quelques pas. Nous avons la chance de la grande salle du rez-de-chaussée qui nous permet de nous réunir (celles qui le souhaitent) pour des temps de prière ou de la gymnastique, tout en respectant les distances. Et l’escalier devient un vrai terrain de sport pour entretenir muscles et moral ! L’après-midi, des jeux de cartes ou des films, nous aident selon les goûts, à garder détente et patience.
Tous les jours, en collaboration avec le personnel de service, 2 sœurs, à tour de rôle, participent au nettoyage des poignées de portes, fenêtres et rampes d’escalier 2 fois par jour.
Solidarité
Une solidarité se vit dans la discrétion, quand nous sommes attentives à la charge de travail du personnel de service ou à ses horaires. Leur vie est bien compliquée par le confinement, la rareté des transports et leur angoisse d’être contaminée à cause de leur travail chez les personnes âgées que nous sommes !
A l’appel du Directeur de « Chemins d’Espérance », nous avons cousu des masques en tissu qui sont devenus notre réserve sanitaire au cas où il y aurait contamination parmi nous, et tous les soirs à 20 heures, nous nous unissons à l’acclamation des voisins pour remercier les soignants qui risquent leur vie pour nous.
Plusieurs d’entre nous passent beaucoup de temps au téléphone pour prendre des nouvelles, familles et communautés PSA, et soutenir des personnes seules. Par internet, l’une ou l’autre participent à un réseau social de communication, de la paroisse ou d’une association.
En communauté
En communauté nous avons décidé de mettre à profit ce temps libéré qui nous est donné, car il n’y a plus de sortie, de réunion ou d’engagement, par un temps de lecture régulière de « Laudato Si ». Et nous y prenons goût de la faire ensemble ! Nous avons choisi de faire une heure d’adoration chaque semaine, pour l’Eglise et notre monde en souffrance.
Les temps de prière restent notre point de repère dans des journées à construire, et nous essayons de préparer les célébrations des jours saints et les célébrations pascales en Inter communautés et avec le soutien de KTO (à la télévision).
Conclusion
C’est un temps inédit qui nous est donné. Qu’avec l’aide de l’Esprit nous en fassions un temps de confiance et de remise de notre vie.
Et qu’ensemble, nous recevions la grâce de la Vie Nouvelle !
Bonne fête de Pâques à vous toutes.
Les Petites Soeurs de Lyon La Guillotière
Le livre de l’Exode et nos exodes actuels
En ce temps de confinement, tous en bataille rangée contre l’ennemi Covid 19 , en communauté nous nous sommes réunies pour relire ensemble le livre de l’Exode 14. Et nous nous sommes promenées, tantôt dans l’Exode, tantôt dans nos exodes actuels, au grès de l’enchainement de nos idées…
Cette lecture nous dynamise : notre Dieu vient à notre secours, à main forte, il terrasse les ennemis ! Pharaon-Trump ne voulait pas croire que les plaies d’Egypte pouvaient l’atteindre… A chaque plaie, malgré la douleur de son peuple, il refait le choix de ses intérêts : ne pas perdre l’argent que lui fait gagner le travail des ouvriers condamnés aux travaux forcés. Il lui faut une ultime plaie, plus violente encore que toutes les autres, pour consentir durant un instant à laisser partir les Hébreux.
Instant fatal pour lui, et malgré ses revirements, il ne pourra rattraper les fuyards.
Aujourd’hui encore, il dit : nous pouvons encore gagner, si moins de 200000 trouvent la mort !!! Mais il est trop tard… le pays, première puissance mondiale, croule sous le nombre de morts, de malades, sans équipement suffisant, sans mesures de distance sociale indispensable, et pour beaucoup, hélas, sans la moindre couverture sociale de santé…
Moïse a fort à faire avec le peuple qui lui est confié, comme les gouvernants actuels, ceux qui essayent de faire leur travail honnêtement, et de prendre les mesures qui s’imposent. Bien sûr, mesures contraignantes, qui ne plaisent pas à tout le monde…
Pourquoi nous faire sortir d’Egypte pour nous retrouver au bord du tombeau dans l’aridité du désert ???
Pourquoi un confinement qui limite ma liberté ???
Pourquoi ne pas avoir réagi avant ? Avant quoi ? qui pouvait lutter contre une épidémie avant qu’elle soit là ? Oui, on aurait dû garder des stocks de masques, de respirateurs, de médicaments… Mais les dirigeants actuels ne sont pas ceux qui ont pris les décisions de laisser les stocks s’épuiser… Chacun agit selon sa conscience, plus ou moins éclairée… Toutes les précautions du monde ne pourront jamais nous empêcher d’être limités, vulnérables, mortels…
Les Hébreux ont vécu ce passage de la mer rouge, avec l’aide du bras puissant d’un Dieu vainqueur. Ce peuple avait donc eu un signe éclatant de la présence protectrice de Dieu, cependant c’est celui qui peu après, lassé de la traversée frustrante et douloureuse du désert, va fabriquer un veau d’or, regretter les oignons d’Egypte, se montrer avec une nuque rigide et à courte vue… Saurons-nous faire mieux après la crise ? saurons-nous changer de vie ? de comportements économiques ? de choix environnementaux ?
Nous le souhaitons.et le désirons profondément., et nous prions pour que cela advienne.
Mais pour l’instant, nous vivons au jour le jour le moment présent, stupéfaits devant les chiffres, effrayés devant les cris des soignants : plus d’équipement, de médicaments, de tout… Nous sommes interpelés au plus profond de notre foi, anxieuses en pensant à nos pays et à nos familles : pourront-ils faire face ? auront-ils les moyens de se soigner ? Nos prières se font ardentes et constantes… La prière communautaire devient un moment de supplication, exprimée ou silencieuse, où chacune et ensemble, nous confions nos familles lointaines et proches, et où nous nous remettons entre les mains du Père.
Car le Dieu tout Puissant de l’Exode s’est révélé Dieu Père de miséricorde en Jésus. Dieu qui souffre avec nous, Dieu qui nous accompagne en respectant notre liberté, Dieu qui va jusqu’à mourir sur la Croix, afin que nous soyons forts dans l’épreuve aux moments de choix décisifs et d’abandon enfin. Il donne aux soignants le courage de continuer à vivre et à servir, généreusement, en assumant le risque couru. Il inspire les gestes de solidarité de voisinage, et de tous ceux qui travaillent humblement pour que le pays puisse continuer à vivre. Dieu humble et fort, Dieu Bon, augmente notre foi, et donne-nous ta Vie.
Petites Soeurs de Vaulx en Velin – Lyon -France