C’était le premier jour de la semaine
II Dimanche de Pâques Jean 20,19-31
« C’était le premier jour de la semaine »… quelle semaine ? Parce que l’enfermement dans lequel nous vivions nous a fait perdre la notion du temps. La plus grande partie du monde était en confinement, les portes étant fermées par crainte de la contagion, de la maladie et de la mort. Le seul ennemi s’appelait alors : Coronavirus. Oui, le virus et sa propagation mondiale étaient nouveaux, mais le monde était déjà blessé, engendrant la pauvreté. En vivant parmi les pauvres de diverses nations, nous avons découvert le poids de la domination des uns et de la dépendance des autres, les inégalités sociales et économiques. Nous avons mesuré les conséquences de la faim, du chômage, de la violence, des migrations. (RV 135). Cette maladie a rendu les situations auxquelles nous sommes confrontées ou dont nous sommes témoins encore plus difficiles .
Et c’est là que Jésus est entré en jeu. Il prend toujours l’initiative. Et il est entré dans nos foyers, nos communautés, ce monde fermé. Sa parole : « Paix à vous »… Comme il connaît notre agitation, notre angoisse, l’angoisse de notre coeur… Il nous a montré ses mains et son côté. Et nous savions que c’était lui. Parce que c’étaient les signes de son passage dans ce monde en faisant le bien, conséquences de son voyage en tant que Verbe incarné, en tant que Serviteur, en tant qu’Envoyé du Père qui a donné sa vie pour sauver l’humanité et la rassembler en un peuple .
Le Ressuscité est le Crucifié, c’est la vérité de notre foi, son mystère. Les crucifiés sont les ressuscités. Et nous sommes heureuses de le voir. Comme si souvent nous nous sommes réjouies de contempler – après des situations de mort – dans notre peuple, dans nos communautés, dans nos propres vies les signes de sa présence active, la Bonne Nouvelle d’un Salut, dont il a l’initiative.
Oui, ce jour-là, comme si nous étions en train de naître de nouveau, comme si le monde était en train d’être créé de nouveau, Son Esprit a soufflé et nous avons fait l’expérience que nous revenions à la Vie. Cette nuit-là, la peur, la mort n’ont pas le dernier mot. Nous avons fait l’expérience que Sa Vie courait à travers la nôtre et que ce n’était pas un temps de division, ni d’égoïsme, ni de violence, ni d’indifférence… Dans Sa paix, nous avons été envoyées à nouveau…
Et nous sommes sorties pour applaudir en remerciement tous les soirs, pour téléphoner à ceux qui vivaient dans la solitude, pour nous communiquer des messages d’encouragement et de sens sur les réseaux sociaux, pour essayer de faire ressortir le meilleur de nous dans notre vie quotidienne ensemble, pour encourager de façon créative la liturgie, pour prier pour les malades et les morts, pour prendre soin de nous-mêmes… Nos vies, ouvertes à Sa Présence, laissent couler le pardon et la réconciliation.
Thomas n’était pas avec nous et bien que nous lui ayons dit que nous avions vu le Seigneur, il avait besoin de faire sa propre expérience. Et nous sommes différents. Pierre, si têtu à d’autres moments, se contentait maintenant de croire en regardant la tombe et en voyant les linges. Et Marie-Madeleine, cependant, devait être nommée par la voix de son bien-aimé. Jésus connaît la diversité culturelle et les processus personnels… Je lui ai demandé de faire grandir l’hospitalité dans notre monde, dans nos communautés, en moi… jusqu’à ce qu’une hospitalité encore plus grande naisse : celle de la reconnaissance de l’oeuvre de Dieu en chacun
Jésus est revenu huit jours plus tard. La réalité n’avait pas changé, nous étions toujours en confinement, accueillant le moment de chacun. Mais il était là, au centre, nous souhaitant à nouveau la paix dont nous avons toujours eu besoin.
« Viens, Thomas, et mets ta main dans mon côté. Touchez-moi, c’est ce que vous devez croire ». Peut-être que nous avons tous quelque chose de Thomas et que nous en avons même besoin. Car c’est en partageant les joies et les souffrances des pauvres que nous apprenons à nous laisser convertir par l’Evangile.
L’amour a besoin de toucher. La proximité, dans la souffrance, crée des liens indélébiles et une joie qui goûte la gloire quand on sent que l’ami, que la soeur a été sauvé. C’est pourquoi la Résurrection a aussi ses propres noms et lieux où nous avons pu confesser : Mon Seigneur et mon Dieu !
« Tout ira bien », disaient les pancartes sur les portes des maisons au début de l’enfermement. C’est une façon de dire :
« Heureux ceux qui croient sans avoir vu ! »
Car, sans savoir comment cette histoire va se terminer, on entrevoit déjà le triomphe final du bien poussé pour qu’il en soit ainsi. Peut-être que la création tout entière – au-delà de ce que nous pouvons imaginer – a la Résurrection inscrite en son sein.
Charo Martín Pérez Petite Soeur de l’Assomption – Cartagena- Espagne.