Paul-Hélène Saint-Raymond, première des dix-neuf Martyrs d’Algérie

Paul-Hélène Saint-Raymond, première des dix-neuf Martyrs d’Algérie

Paul-Hélène Saint-Raymond, première des dix-neuf Martyrs d’Algérie

Hélène Saint-Raymond est née à Paris dans une famille profondément chrétienne, la 8ème de 10 enfants. Après des études au collège Sainte-Marie de Neuilly, elle prépare une licence en sciences physiques et chimie à la Sorbonne et participe au Centre Richelieu (centre des étudiants catholiques créé par l’Abbé Charles). Une étudiante donnera ce témoignage en mai 1994 : « Nous nous sommes connues, à 20 ans, au Centre Richelieu, quand Hélène a été présidente des groupes d’étudiants catholiques scientifiques. Je me souviens d’elle comme une fille de devoir, toujours présente quand il le fallait. La fidélité était, à mon avis, sa principale qualité. Elle parlait peu, mais elle écoutait tout le monde, elle se souvenait de tout ce qu’il y avait à faire, et elle était toujours prête à aider les unes et les autres. Elle savait se faire aimer, non par son caractère, pas expansif, mais par sa solidité, sa rigueur, sa fidélité dans la foi ». Hélène Saint-Raymond deviendra présidente du Centre Richelieu à la suite d’une future Petite Sœur de l’Assomption qui l’invite à sa prise d’habit en 1949. C’est là qu’elle fait la connaissance de la Congrégation où elle entrera en 1952 après 2 ans de vie professionnelle comme ingénieur à l’Institut Français du Pétrole à Rueil-Malmaison. Avant le choix de la vie religieuse, elle voulut faire un stage en usine pour expérimenter la dureté de la condition ouvrière dans une fabrique de cartonnage à Bagnolet. Au cours des étapes de formation à la Maison Mère à Paris, elle prendra le nom de Sœur Paul-Hélène; le 29 juillet 1954 elle y prononce ses premiers Vœux. Ensuite elle est envoyée à Creil de 1954 à 1957, nous avons le témoignage d’une malade contagieuse que Sr. Paul-Hélène a soignée pendant un an comme Travailleuse Familiale et Infirmière pendant que les 4 enfants avaient dû être placés. Madame J. avait gardé des liens et évoquait le réconfort, l’amitié, la confiance retrouvée grâce à l’attention de Sr Paul-Hélène, après sa mort, elle évoquera la conversation qu’elles avaient eue lors d’une visite 3 ans auparavant : « Je lui demandais quelle était sa vie en Algérie ; je lui ai dit : moi j’aurais peur de vivre au milieu d’Algériens. Sœur Paul-Hélène souriante m’a répondu : Il ne faut pas, ce sont tous des hommes comme les autres, beaucoup ont notre foi ; je voudrais tant qu’ils soient heureux, que nous puissions vivre fraternellement dans la paix, dans la joie du Christ. » C’est en 1963 que Sr Paul-Hélène part pour Alger pour assurer le Centre Médico-Social à Belcourt. Elle note : « Retour à l’essentiel, le service de l’Eglise, appel au dépouillement radical, changer de langue… appel à la pauvreté personnelle, à la vie de prière ». En 1974, elle est envoyée à Tunis puis à Casablanca où elle a la responsabilité pendant 3 ans d’un service de prématurés dans une équipe entièrement marocaine.En 1984 après quelques mois passés à la Maison Mère, Sr Paul-Hélène repart pour Ksar el Boukhari à 180 km au sud d’Alger. Elle donne elle-même le sens de sa mission : « C’est un travail important, intéressant et obscur, il n’y a ni crèche, ni jardin d’enfants, ni travailleuses familiales. Jusqu’ici la grande famille suffisait à tout mais les temps changent ». Cette expérience est difficile, source de tension et l’activité d’infirmière comme étrangère connaît des restrictions si bien qu’elle est obligée de trouver un autre emploi.

En 1988, elle est envoyée à Alger : communauté de Belcourt. Sr Paul-Hélène fait une description de ce quartier après le tremblement de terre d’octobre 1990 sur les conditions de logement, les maisons qui s’effondrent… Sr Paul-Hélène s’insère dans la bibliothèque de la Casbah confiée aux Frères Maristes en septembre 1988, où elle se rend tous les jours soit à pied ou en bus, elle sera obligée de changer d’itinéraire selon l’évolution des évènements. En 1993, elle se veut rassurante malgré le danger : « Je m’empresse de vous dire que nous continuons normalement à aller au travail, faire nos courses, prier, tout en ayant supprimé depuis un bon bout de temps : promenades à l’extérieur et sorties le soir. Priez pour nous et pour tous ceux qui nous entourent. » Elle ajoute : « A la bibliothèque de la Casbah où je travaille depuis 5 ans, les jeunes sont toujours aussi nombreux, nous continuons à développer le fonds en arabe qui leur est indispensable ; les relations entre les jeunes et notre équipe sont inchangées. De même dans notre maison de la Casbah, 2 sœurs accueillent chaque semaine une centaine de jeunes filles, de femmes et d’enfants pour couture, tricot, soutien scolaire. Le « centre » se développe. Là où il faut faire attention, c’est là où on n’est pas connu. On choisit les lieux pour faire les courses et le soir on ne dépasse pas 19h/20h pour rentrer. Nous avons évidemment renoncé à toute promenade – campagne, mer ou montagne.

Du fait du petit nombre des chrétiens, on se connaît et les relations sont très fraternelles, les évêques ces temps-ci particulièrement, rendent visite aux petites communautés, pour se rendre compte des situations particulières. Le téléphone permet, de temps à autre de savoir si « ça va chez vous ». Une dernière lettre avant Pâques 1994 : »La situation ne cesse d’empirer, si l’été dernier nous parlions de guerre larvée, nous devons dire actuellement : nous sommes en pleine « guerre civile », les maquis dans les régions montagneuses contrôlent les villages et font régner leur loi impitoyable et féroce – dans les villes : assassinats, rackets, sabotages se multiplient et frappent n’importe où, n’importe quand, n’importe qui. Quant à la vie quotidienne, le ravitaillement est tellement difficile et cher que le souci de savoir ce qu’on va mettre dans la marmite et comment on va boucler le mois y compris pour ceux qui ont la chance d’avoir un salaire et qu’il soit versé régulièrement – ce souci occupe les esprits et d’une certaine façon fait diversion ! Et pourtant au milieu du désespoir et de l’angoisse, la vie continue : des gens s’entraident, prennent leur vie en mains, réfléchissent. » « La victoire de la vie sur la mort au matin de Pâques n’était guère apparente… »Nous retrouvons dans ces 2 lettres le sérieux de l’analyse de Sr Paul-Hélène, sa lucidité en même temps que l’engagement tout simple, mais combien réel de sa vie totalement livrée. C’est dans la logique de la réponse qu’elle faisait à Mgr Teissier -Evêque d’Alger qui interrogeait les sœurs sur leur option de partir ou rester : « Père, de toutes façons, nos vies sont déjà données ». Le 8 mai 1994, Sr Paul-Hélène est à la Bibliothèque comme d’habitude, en début d’après-midi trois hommes se présentent en disant « Police » et demandent à voir le chef; pendant qu’elle les dirige vers le bureau du frère Vergès elle est abattue d’une balle dans la nuque, ensuite un deuxième coup de feu sera pour le frère en plein visage. Ce sont les deux premières victimes des 19 Martyrs d’Algérie qui ont été béatifiés le 8 décembre 2018 à Oran.  Sœur Madeleine Rémond, Archiviste

3 réponses

  1. Je souhaiterais acquérir l’opuscule sur Soeur Paul Hélène. Comment faire?
    Merci

    • Micaela De Wilde dit :

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      (frais de port inclus) Pour l’acheter envoyer chèque ou espèces + vos nom & adresse à :
      Congrégation des Petites Soeurs de l’Assomption
      Secrétariat général
      57, rue Violet
      75015 Paris
      Information et contact
      secgenpsa@gmail.com
      01 40 57 69 08

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