Bonne Année 2020 !nous souhaite le P.Etienne Pernet
« Je me demandais ce matin, ce que c’était qu’une bonne année. Selon moi, et selon l’almanach, c’est une année où les saisons sont à leur place et produisent chacune leur effet en vue du bien général, ou de la bonté totale de l’année.
D’abord il faut un hiver rigoureux, en son temps, un hiver qui ne traîne pas et qui ne s’éparpille pas à travers d’autres saisons, en un mot, il faut un hiver franc qui prépare la germination du printemps. Quand il n’y a pas d’hiver, tout s’en ressent.
Puis un printemps délicieux, avec la rafraîchissante rosée du matin et la pluie opportune du soir, le printemps avec un soleil renaissant, jeune et chaud sous l’action duquel on entend même pousser les feuilles ; puis un été bien corsé, un soleil qui ne ménage pas et prépare l’automne avec ses moissons abondantes et ses arbres chargés de fruits.
Voilà la bonne année. Eh bien ! il doit en être de même dans l’ordre spirituel.
La bonne année que je vous souhaite, mes enfants, c’est celle où la nature est broyée comme en hiver. Ce broiement est nécessaire pour meubler le champ de notre âme, il la prépare à recevoir la semence, la vie d’en haut que N.-S. a apportée sur la terre. Ce qu’il convient de nous souhaiter en nous, c’est que nous soyons vigoureux, dans la mort à nous-mêmes, alors, quand nous aurons fait cela, viendra le printemps. La grâce, rosée céleste, rafraîchira nos âmes, le soleil, le St Esprit fécondera la semence qui est la parole de Dieu, et la fera germer.
Or, mes enfants, je vous souhaite cette germination, car vos âmes ne sont pas comme cet univers où le printemps, l’été, l’automne et l’hiver se succèdent invariablement. Dans le monde moral, spirituel, les quatre saisons s’y font sentir, j’allais dire en même temps. Oui, il y a toujours en nous, l’hiver qui désole, le printemps qui réjouit ; des vertus qui commencent, d’autres qui s’améliorent ; notre âme doit ressembler à l’oranger sur lequel il y a toujours feuilles, fleurs, fruits qui se nouent et fruits en pleine maturité. S’il y a hiver et printemps dans les âmes, il y a aussi l’été qui les fait passer par les épreuves et les ardeurs de l’amour de Dieu.
Quand il se trouve dans une âme cette chaleur, cette ardeur divine qui la rendent plus apte à ses devoirs, alors c’est la pleine vie. Je vous souhaite, mes enfants, cet été bien chaud, bien lourd, mais vaillamment porté, je vous souhaite de vous prêter à toutes les exigences et les délicatesses de l’amour de Dieu, au support du prochain, aux difficultés de la mission, afin que vous arriviez à l’automne, c’est-à-dire à une riche moisson de mérites qui sera pour nous la fin de la vie.
Voilà ce que j’entends par bonne année et voilà ce que je vous souhaite, mes bien chères enfants, non seulement pour 1893, mais pour toutes les années qui suivront celle-ci. Prions beaucoup pour l’Eglise, pour votre pays si menacé par la révolution ; prions pour notre famille religieuse, pour que les vocations nous viennent nombreuses et bonnes, et pour que celles qui nous arrivent s’affermissent ».
(Etienne Pernet,d’après l’instruction du 1er janvier 1893)