Histoire de la fondation en Irlande
En 1891, la mission des Petites Soeurs commence à Dublin Sous l’impulsion du Père Pernet, la première communauté s’installe sur James’s Street, au centre de Dublin, un secteur touché par la pauvreté et la maladie. Les archives renferment plusieurs récits des débuts de la fondation en Irlande ; Mère Alban, qui faisait partie du premier groupe de 4 sœurs à y être envoyée, écrivait :
« Une dame de Dublin, Mrs Clarke, était amie avec une Dame Servante de Paris, Mme Vaughan, et elle a fait une demande de fondation à Dublin. Elles avaient à cœur que les sœurs s’installent à Dublin pour œuvrer auprès des pauvres. A cette époque il y avait beaucoup de maladies telles que la typhoïde, la pneumonie, la pleurésie ; les maladies cardiaques, les cancers et la tuberculose étaient très fréquents. Les familles avaient très peu de revenus, et si l’un des membres de la famille était malade et qu’il ne pouvait plus gagner d’argent, ils n’avaient droit à aucune aide. Lorsque le Père Pernet a entendu parler de cette proposition, il s’est rendu en Irlande avec Mère de Saint-Jean et Sœur Françoise. Ils ont été logés chez Mrs Clarke et sont allés rendre visite à l’Archevêque, le Révérendissime Monseigneur Walsh. Le lendemain il est allé voir Mgr Kennedy dans James’s Street et a visité la maison qui était prête pour les sœurs. Elle appartenait à Mr Branningan et les sœurs allaient pouvoir y loger gratuitement. Il fut décidé que 4 sœurs seraient envoyées : Mère Marie de Saint-Jean, Sœur M. Alype, Sœur M. Alban et Sœur Agnès-Marie. »(Extrait d’un écrit de Mère Alban). Avant de quitter Paris, les sœurs firent une retraite sous la conduite du Père Pernet ; elles se rendirent à la maison de Bow Street à Londres, puis à Holyhead au Pays de Galles, pour arriver enfin à Dublin en avril 1891. Quelques semaines plus tard, Sœur Catherine Margaret et Sœur M. Wilfred arrivèrent. La vie à Dublin en 1891 était très dure pour les habitants du quartier de James’s Street, où vivaient les sœurs. Elles ont commencé à s’occuper de la population qui les entourait, elles se sont confrontées à la maladie, à la pauvreté, aux logements précaires et à toutes les maladies qu’elles rencontraient. Même si leur anglais était très modeste, elles communiquaient très bien avec les gens et leur travail était bien accueilli. En octobre 1891, le Père Pernet vint rendre visite aux sœurs. Pendant son trajet de retour à Paris, il leur écrivit :
« J’ai encore le cœur tout rempli de mon séjour auprès de vous, au 116, James Street, et à Blackrock. Nous devons être surtout reconnaissants envers N-S qui bénit les Petites Sœurs, et entoure leur mission de sa protection avec tant de délicatesse, de prévenance même. Nous ne pouvons, mes bien chères enfants, être mieux et davantage encouragés. Je me rappellerai toujours, et très particulièrement, notre première et consolante réunion de Dames Servantes. Dieu aidant ce commencement qui a dépassé nos prévisions aura sans plus de difficultés son plein développement. Vous pousserez donc des racines fécondes et dans le peuple qui vous aime déjà tant, et dans la société où se rencontrent les âmes charitables et dévouées au bien qui s’unissant à vous, vous aideront à compléter celui de votre apostolat parmi les pauvres et les ouvriers. Vous voyez, mes enfants, combien je suis content de ce que j’ai vu dans ma visite à Dublin. »La communauté avait le soutien de Mgr Walsh, Archevêque de Dublin. Les Dames Servantes (The Ladies of the Auxiliary Committee of the Little Sisters of the Assumption) furent établies pour aider les sœurs. En avril 1894, une réunion s’est tenue à la Communauté de James’s Street, à laquelle assistaient de nombreuses personnes, dont l’archevêque et le Père Pernet. L’archevêque a exprimé sa gratitude envers les sœurs pour leur travail et demandait comment elles pourraient recevoir un soutien financier qui leur permettrait de continuer.
Il dit : « Mesdames et messieurs, je suis heureux de pouvoir féliciter les sœurs de l’Assomption sur le progrès fait par leur œuvre depuis qu’elles se sont établies parmi nous il y a trois ans. D’après le rapport qui a été lu à l’occasion de notre réunion ici-même en 1892, nous avons pu voir combien nous sommes redevables envers ces bonnes Sœurs et à leur vénérable et vénéré supérieur et fondateur, le Père Pernet, que nous avons le plaisir d’accueillir parmi nous aujourd’hui ».Le Père Pernet répondit en français, déplorant de ne pas connaître suffisamment l’anglais pour exprimer sa gratitude, et il encouragea le groupe à poursuivre leurs efforts afin de soutenir les sœurs dans leur action pour soulager les souffrances des malades pauvres pour la gloire de Dieu. En 1896, Mgr Kennedy, qui avait soutenu les sœurs depuis leur arrivée, mourut subitement. La communauté habitait le 116 St James’ Street sans avoir à verser de loyer, mais cette situation dut prendre fin car le propriétaire de la maison avait besoin de la vendre. Le Père Pernet se rendit en Irlande pour chercher une maison, sans succès, il donna une retraite de quelques jours aux sœurs puis rentra à Paris. Quelque temps après, grâce à la générosité de bienfaiteurs, les sœurs purent acheter une maison au 49, Lower Camden Street.
Le P. Pernet vint deux fois leur rendre visite ; voici comment il décrivit Dublin : « Mes chères enfants, comme vous le savez, je suis à Dublin. Vous attendez probablement des nouvelles de ce pays et en particulier de Dublin ; je satisfais à votre désir. Dans l’Île des Saints, on respire l’air de la Foi, de la charité compatissante. Combien de regards aimables et de sourires francs on reçoit de tous côtés ! Tous les chapeaux se soulèvent quand on passe dans la rue et puis « Dieu vous bénisse » est sur un millier de lèvres. Quand on entre dans une église, on trouve toujours quelqu’un qui y prie, des allers et venues tout le temps. »
Mère St Alban décrit les visites qu’il fit : « Notre vénéré Père est revenu pour notre retraite et nous avons passé des jours très heureux. Il venait en général à notre récréation du soir, et nous pouvions aller le voir aussi souvent que nous le désirions. La première fois qu’il est venu, il a logé chez les Pères Augustins dans Thomas Street. La deuxième fois qu’il est venu, nous lui avons installé un lit dans une pièce, à l’endroit précis où se trouve l’autel aujourd’hui ; c’était avant une écurie, mais nous l’avons bien aménagée, avec de la moquette, c’est très joli. Il était très content de ne pas avoir à aller ailleurs. Mère de Saint-Jean lui a demandé s’il aimait la pièce que nous lui avions préparée, et il a répondu : « Oui, mais je n’ai pas d’image de Notre-Dame, je ne peux pas dormir lorsque je ne la vois pas ». Nous avons mis une image de Notre-Dame du Bon Conseil qui est maintenant dans la salle communautaire ».Il y a une autre anecdote sur le Père Pernet à Camden Street. La plupart des bâtiments de ce secteur étaient infestés de rats, et la maison de Camden Street n’échappait pas à la règle. On a trouvé un chat pour réduire le nombre de rats mais lorsque le Père Pernet est venu y séjourner, il a fallu mettre le chat dehors car le Père avait décrété qu’aucune communauté ne pouvait avoir d’animal domestique ; il n’a pas été possible de le convaincre que le chat était nécessaire pour réduire le nombre de rats et que ce n’était pas un animal domestique. Il semble que tout le monde en a été contrarié, mais le chat n’a pas eu le droit de rester. La Communauté de Camden Street était très sollicitée dans toute la ville, ce qui a conduit à la fondation de Dun Laoghaire et de Cork. Le bâtiment de Camden Street est aujourd’hui un hôtel : Il y a une plaque qui rappelle la présence des Petites Sœurs à l’époque, et à l’endroit où se trouvait la chapelle, c’est aujourd’hui un restaurant qui a gardé la forme de la pièce.